Beitrag vom 16.02.2016
Le Monde
Yoweri Museveni, roi d’Ouganda
Par Bruno Meyerfeld
Quand Yoweri Museveni est né, on l’a tout de suite mis sur une vache. C’est le rite de passage chez les Banyankole Bahima, son ethnie, qui peuplent le sud-ouest de l’Ouganda. On donne au bébé un arc et des flèches. « C’est ta vache, défends-la maintenant ! », encourage la famille. Si l’animal meurt, le garçon sera considéré comme peu chanceux. Mais si la vache vit longtemps, et a une importante descendance, alors l’enfant pourrait avoir un grand destin. « La mienne a très bien réussi, malgré toutes les vicissitudes dont elle a souffert », racontera plus tard Yoweri Museveni.
Légende ou réalité ? La scène est en tout cas racontée par le président ougandais dans son autobiographie, Sowing the Mustard Seed (« Semer la graine de moutarde », 1997, Macmillan Education, non traduit). Pas besoin de lire très longtemps entre les lignes. La vache de Museveni, c’est l’Ouganda.
Candidat à un cinquième mandat, ce jeudi 18 février, jour du premier tour de l’élection présidentielle, le vieux bouvier de 71 ans, au pouvoir depuis 1986, ne compte pas rendre la liberté à son troupeau. « Comment pourrais-je quitter une bananeraie que j’ai plantée et qui commence à donner des fruits ? », a-t-il déclaré au début de l’année, avec ses éternels airs d’acteur de théâtre. Son slogan de campagne en dit long : « Mon Pays, mon Président ». Comme si les deux ne faisaient qu’un.