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Für eine andere Entwicklungspolitik!

Beitrag vom 02.04.2012

Le Monde

Paris recommande aux Français de quitter le Mali

Un nouveau sommet des chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) sur la crise au Mali s'est ouvert, lundi 2 avril, à Dakar, en marge de l'investiture du nouveau président sénégalais Macky Sall. Plusieurs chefs d'Etat africains, ainsi que le ministre des affaires étrangères français, Alain Juppé, doivent assister à l'investiture du président Sall à Dakar, élu le 25 mars en battant très largement le sortant Abdoulaye Wade avec 65 % des voix.

"Nous sommes préoccupés par la situation à Gao et Tombouctou", deux villes du nord du Mali, tombées durant le week-end aux mains de la rébellion touareg et de groupes armés islamistes, a déclaré le président ivoirien Alassane Ouattara. Les rebelles touaregs maliens ont pris dimanche le contrôle de Tombouctou, dont la chute consacre leur mainmise sur la quasi-totalité du nord du Mali, suscitant une inquiétude croissante dans la région.

La rébellion et ces groupes contrôlent désormais environ la moitié du pays. "Nous tenons à l'intégrité du territoire malien. Nous mettrons tous les moyens pour stopper cette rébellion et que le Mali retrouve l'intégrité de son territoire. C'est un devoir pour la Sous-Région", a estimé Alassane Ouattara.

SAISINE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L'ONU

Le Conseil de sécurité de l'ONU pourrait être saisi par Paris des éventuels "besoins" de la Cédéao pour régler la crise au Mali, a annoncé lundi le ministère des affaires étrangères français.
"La France soutient les efforts de la Cédéao, qui a mandaté le président [burkinabé Blaise] Compaoré comme médiateur, et elle relayera auprès du Conseil de sécurité, avec ses partenaires africains au sein du Conseil, les besoins de la Cédéao pour appuyer ses actions", a dit à la presse le porte-parole adjoint du ministère, Romain Nadal. "Face aux actions armées dans le nord du pays, la France appelle une nouvelle fois à l'arrêt immédiat de ces offensives pour qu'une solution politique soit trouvée et met en garde ceux qui les mènent contre les conséquences de leurs actions", a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a estimé que la situation au Mali, "se dégrade très rapidement". "Nous pouvons aider sur le plan logistique ou de la formation, mais il n'est pas question de mettre des soldats français sur le sol du Mali", a-t-il dit. Alain Juppé s'est aussi inquiété de l'influence des groupes armés islamistes combattant au côté de la rébellion touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) qui contrôle depuis dimanche tout le nord du Mali. Le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay a rappelé que c'est à l'initiative de la France, ancienne puissance coloniale, que "le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné le coup d'Etat, a demandé le rétablissement de l'ordre constitutionnel et a rappelé l'attachement de la communauté internationale à l'unité et à l'intégrité territoriale du Mali".

PARIS, BRUXELLES DÉCONSEILLENT LES DÉPLACEMENTS AU MALI

La France conseille à ses ressortissants "dont la présence n'est pas indispensable de quitter provisoirement" le pays, indique le ministère des affaires étrangères français. "Il est recommandé d'éviter tout déplacement au Mali jusqu'à nouvel ordre", ajoute aussi le ministère dans sa recommandation. Ex-puissance coloniale, la France s'en remet jusqu'à présent dans la crise malienne à la Cédéao pour rétablir l'ordre constitutionnel et garantir l'intégrité du pays.

"Tous les voyages au Mali sont formellement déconseillés. Par mesure de précaution, les Belges qui se trouvent au Mali et dont la présence n'est pas indispensable sont invités à quitter provisoirement le pays", indique le ministère belge des affaires étrangères dans sa rubrique Conseils aux voyageurs. "Au regard de la menace terroriste qui pèse sur la région, aucun endroit ne peut désormais plus être considéré comme sûr, la possibilité d'un enlèvement ou d'un attentat ne pouvant pas être totalement exclue", avertit le ministère belge.

NÉGOCIATIONS POUR UN CESSEZ-LE-FEU

Lors d'un précédent sommet jeudi à Abidjan, les chefs d'Etat de la Cédéao avaient donné jusqu'à lundi au capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte qui a pris le pouvoir à Bamako le 22 mars, pour rétablir l'ordre constitutionnel. La junte a promis dimanche le retour à un pouvoir civil et une transition vers des élections à une date non précisée.

La junte a dépêché au moins un émissaire à Tombouctou pour négocier un cessez-le-feu avec les rebelles, a annoncé dimanche son chef, le capitaine Amadou Haya Sanogo. Mohamed Ag Erlaf, un ancien ministre, a rencontré Mohamed Najim, l'un des responsables militaires du Mouvement national pour la libération de l'Azawad qui, selon lui, "a promis d'assurer la sécurité des populations".

Avec Tombouctou, Kidal et Gao, les trois capitales administratives du nord du pays, les rebelles contrôlent environ la moitié du territoire au terme d'une avancée foudroyante de trois jours. C'est justement pour éviter ce scénario que la junte avait renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré, l'accusant d'avoir été incapable d'endiguer l'offensive touareg depuis janvier.