Beitrag vom 15.02.2012
TFI news
Spectaculaire perquisition chez le fils d'un président africain
Une perquisition a été menée mardi après-midi dans l'appartement du fils du président de Guinée Equatoriale Teodoro Obiang, avenue Foch à Paris. La justice soupçonne plusieurs dirigeants africains, dont celui de Guinée, de blanchiment de détournement de fonds publics.
L'affaire des "biens mal acquis" est dénoncée depuis des années par l'association Transparency International, organisation de lutte anti-corruption, qui accuse divers chefs d'Etat africains d'avoir acquis en France biens de luxe et propriétés immobilières en détournant l'argent public de leur propre pays. Elle embarrasse la justice française du fait des inévitables tensions générées avec les gouvernements des pays concernés. Deux juges d'instruction n'en sont pas moins chargés d'enquêter, les juges Roger Le Loire et René Grouman. Ils doivent établir dans quelles conditions trois chefs d'Etat, Denis Sassou Nguesso du Congo, Teodoro Obiang Nguema et le défunt président gabonais Omar Bongo Ondimba, ont acquis un important patrimoine en France. Pour pouvoir enfin déterminer si ces acquisitions relèvent ou non du recel et du blanchiment de détournement de fonds publics étrangers.
C'est dans le cadre de cette affaire au long cours qu'une spectaculaire perquisition a été menée mardi dans l'appartement du fils du président de Guinée Equatoriale, avenue Foch à Paris. Teodoro (dit Teodorin) Nguema Obiang Mangue était apparemment absent de cet immense appartement, situé dans la très chic avenue Foch. Un camion de déménagement était garé dans la contre-allée devant l'entrée de cet hôtel particulier de six étages. En juillet 2011, Libération avait décrit une propriété de 2185 m2 s'étendant sur six étages et des dizaines de pièces.
"C'est une mission diplomatique"
Conduite par les deux juges d'instruction chargés du dossier et les policiers de l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière, la perquisition s'est déroulée malgré des oppositions sur place, certains occupants invoquant l'immunité diplomatique. "Cet immeuble appartient à l'Etat équato-guinéen et non à la présidence", a protesté sur place l'avocat de la Guinée Equatoriale, Me Olivier Pardo, précisant que ce changement de propriété était intervenu en octobre. "Je suis venu protester de la façon la plus vive car nous considérons qu'il s'agit du territoire de la Guinée équatoriale par le principe de souveraineté. C'est une mission diplomatique. Nous contestons absolument les opérations qui sont en train de s'y dérouler", a-t-il dit aux journalistes en dénonçant une "atteinte grave aux principes diplomatiques internationaux". "C'est un endroit inviolable et en dépit de cela des opérations de perquisition sont en train de s'y dérouler", a insisté l'avocat, selon qui cet immeuble héberge "la représentante de la Guinée Equatoriale auprès de l'Unesco". Elle a "quitté les lieux contrainte et forcée" et adressé une protestation auprès du ministère des Affaires Etrangères et de la présidence française, a précisé Me Pardo. "Cet appartement relève du droit commun", a réagi de son côté le Quai d'Orsay.
Les biens de la famille Obiang sont particulièrement dans la ligne de mire des enquêteurs qui ont récemment conclu que le patrimoine de ces familles s'était enrichi de nouvelles acquisitions en dépit de la plainte les visant, déposée en 2008 par Transparency International France. Le fils Obiang a ainsi acquis des oeuvres d'art lors de la vente de la collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé en février 2009 pour 18,35 millions d'euros. "Fait atypique", soulignait dans une note la cellule anti-blanchiment de Bercy, Tracfin, ces biens ont été payés par "la Somagui Forestal, société forestière sous contrôle de Teodoro Nguema Obiang, ministre de l'Agriculture et des forêts qui est à l'origine des virements". Ces oeuvres d'art intéresseraient particulièrement les magistrats. Pour l'avocat de TIF, Me William Bourdon, avec cette perquisition "les choses s'accélèrent, un nouveau chapitre s'ouvre". En septembre, plusieurs véhicules appartenant à la famille du président équato-guinéen avaient déjà été saisis au domicile du dirigeant africain.