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Für eine andere Entwicklungspolitik!

Beitrag vom 05.09.2009

LE MONDE
Formé en France, Ali Bongo, l'héritier, est "africain dans l'âme" selon un de ses proches

Libreville, envoyé spécial

Omar Bongo s'était bien gardé de désigner publiquement un dauphin. Depuis des lustres, méthodiquement, il n'avait pourtant rien négligé pour que son fils aîné, Ali, prenne sa suite.
Dans sa corbeille d'enfant gâté, l'héritier avait trouvé le poste de ministre des affaires étrangères alors qu'il n'avait pas atteint la trentaine.
Pour ses quarante ans, il avait reçu le très stratégique ministère de la défense, qu'il a conservé jusqu'à ces dernières semaines. Jeune quinquagénaire, il vient d'être élu président du Gabon.
Son père avait soigné les détails : un mandat de député dans le berceau paternel de Bongoville, un poste dirigeant au sein de l'ultradominant Parti démocratique gabonais (PDG). Sans oublier une rencontre avec Nicolas Sarkozy à l'Elysée, en décembre 2008, perçue comme un adoubement.
Lorsque Ali Bongo entame ce parcours rectiligne, il ne se prénomme pas Ali mais Alain, prénom qu'il abandonnera en se convertissant à l'islam, en même temps que son père, en 1973.
Né le 9 février 1959 à Brazzaville (Congo), il a hérité de sa mère, Patience Dabany, chanteuse de talent, un goût prononcé pour la musique. Formé entièrement en France - une école protestante à Alès, le collège Sainte-Croix de Neuilly-sur-Seine, puis le droit à l'université Paris-I (Panthéon-Sorbonne) -, il esquisse une carrière musicale, enregistre quelques disques et acquiert une réputation de fêtard, avant de rentrer dans le rang en intégrant le cabinet de son père comme "représentant personnel".
PROCHE DE MOHAMMED VI
Avec son ami André Mba Obame, son rival à l'élection présidentielle, il fait partie des jeunes loups, les "rénovateurs" chargés par Omar Bongo de renouveler les cadres du PDG.
Attiré à la fois par le monde arabe - il est proche depuis longtemps du roi du Maroc Mohammed VI - et par les Etats-Unis - il a organisé le passage de Michael Jackson au Gabon -, Ali Bongo est présenté par l'un de ses proches comme "un personnage cultivé mais austère, de culture française mais africain dans l'âme".
Longtemps, nombre de Gabonais ont estimé que son manque de charisme, son ignorance des langues locales et son impopularité lui laisseraient peu de chance d'accéder à la magistrature suprême. La dispendieuse campagne électorale qu'il vient de mener - un budget de 90 millions d'euros est évoqué - a révélé un homme qui, derrière une image pataude, sait mener un meeting et répondre à ses adversaires.
L'avenir dira si la population gabonaise, en pleine paupérisation, parviendra à s'identifier à un homme qui, d'après l'enquête sur les "biens mal acquis" menée par la police française en 2008, possède un appartement avenue Foch, à Paris, et deux Ferrari.
Peu avare de promesses, il a juré, pendant la campagne présidentielle, de "mettre fin définitivement au règne de l'impunité, du laxisme, du laisser-aller, de la paresse, des magouilles, des combines" et de construire "un Gabon où les fruits de nos richesses communes sont partagés entre tous équitablement".
Philippe Bernard