Beitrag vom 18.05.2013
Le Quotidien, Dakar/Senegal
Contrôle de la qualité des engrais : L'Afrique de l'Ouest n'a pas les moyens
Écrit par Dialigué FAYE
Plusieurs produits entrent dans les différents pays de la Cedeao, sous forme d'engrais ou de fertilisants. Mais une bonne partie de ces produits est mortelle. Toutefois, malgré un arsenal juridique permettant en théorie de traquer ces éléments nocifs, les pays n'ont pas les moyens techniques de leur volonté
La mise en œuvre du cadre juridique régional harmonisé relatif au contrôle de qualité des engrais ne sera pas chose aisée pour certains pays membres de la Cedeao. D'après Emmanuel Kodjo M. Alognikou, spécialiste en politique des engrais du projet Mir plus, la plupart des pays au sein de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest n'ont pas les moyens nécessaires de mettre en œuvre ces textes réglementaires. En marge d'un atelier de vulgarisation du cadre juridique régional de contrôle de qualité des engrais, tenu la semaine dernière, l'expert a expliqué que la mise en œuvre nécessite non seulement des laboratoires dotés d'équipements spécifiques permettant d'analyser les engrais, mais également, des personnels techniques qualifiés. Alors que beaucoup de pays n'en disposent pas pour le moment. «Il faut donc leur doter de moyens nécessaires», exhorte-t-il. Face à cette situation indique M. Alognikou, la Cedeao entend élaborer une stratégie régionale de mise en œuvre effective de ces textes réglementaires. Cela, en évaluant les capacités de pouvoir mettre en œuvre le cadre régional, des services de réglementation nationaux.
Lancé en 2010, le projet de textes a été adopté en 2012, par les experts. Il comporte un règlement principal régissant le contrôle de qualité des engrais en Afrique de l'Ouest, adossé à quatre règlements d'exécution. Le premier règlement d'exécution concerne le comité régional de contrôle de qualité des engrais dans l'espace communautaire, au sein de la Cedeao; le deuxième porte sur l'étiquetage et les limites de tolérance des éléments nutritifs. Les deux autres règlements concernent les documents de procédures, notamment un manuel de l'inspection et un manuel d'analyse des engrais.
Ce cadre vise à lutter contre les problèmes de qualité auxquels le secteur des engrais est confronté dans la sous-région. Selon Thierno Mademba Gaye, directeur de Cabinet du ministre de l'Agriculture et de l'Equipement rural, le problème de «qualité de l'engrais pour l'essentiel est liée à une déficience en poids, en éléments nutritifs, à la conformité de l'étiquette, au stockage, ou encore à la présence de quantités élevées d'éléments toxiques».
Une étude conduite en 1995, par le Centre international pour le développement des fertilisants (Ifdc), a montré que 43% des produits étaient déficients en éléments nutritifs ; 58 % étaient déficients en poids. Ainsi, préconise Dr Macoumba Diouf, Directeur général de l'Institut sénégalais de recherche agricole (Isra), le contrôle devrait être appliqué sur l'ensemble des stocks à l'entrée. Si l'on en croît M. Diouf, au Sénégal, seules les quantités d'engrais importées et subventionnées par l'Etat font l'objet de contrôle. «On a subventionné pour 95 000 tonnes seulement. Il y en aura une bonne quantité qui sera importée par les opérateurs privés qui voudraient le vendre à d'autres. Ces derniers devraient être protégés par la puissance publique. Les autres stocks d'engrais qui ne sont pas subventionnés doivent faire l'objet de contrôle», estime le Dg de l'Isra.
Pour la campagne agricole 2013-2014, le gouvernement sénégalais a prévu de subventionner l'engrais. Le montant destiné à ces fertilisants selon le directeur de Cabinet du ministre de l'agriculture est de 13,8 milliards de francs Cfa.